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Les rosés : vins de plaisir et grands vins
Souvent frais et légers, les rosés sont souvent associés aux vacances et à la détente. Mais à côté de la production de masse, passablement industrialisée, destinée aux grands surfaces existent aussi des véritables pépites de vigneron, dont la production requiert un grand savoir faire. Parfois plus difficiles d’accès, ce souvent de véritables vins d’amateurs. Une plongée dans un monde différent, qui recèle bien des plaisirs à ceux qui prennent le temps de comprendre et de déguster.
Comment fait-on du rosé ?
Un petit détour technique s’impose. En France, le rosé n’est pas un mélange de vin rouge et de vin blanc. Ce procédé, fréquent aux Etats-Unis et en Australie, est interdit par l’Union Européenne. Seule exception : la plupart des champagnes rosés proviennent d’un assemblage de rouges et de blancs.
En première approximation, un rosé est un vin élaboré à partir d’un cépage rouge et vinifié comme un blanc. La différence essentielle avec un rouge est la durée limitée du contact entre le jus et la peau des baies, responsable de l’essentielle de la coloration, des tanins, et des arômes caractéristiques du vin rouge.
La méthode de fabrication la plus courante est celle du “rosé de presse”. Après la vendange, les baies sont pressées rapidement, et le jus est récupéré tout de suite, généralement sans le laisser en contact avec les peaux. La robe reste très claire, la bouche très fruitée. Dans un verre noir, beaucoup confondent un rosé avec un blanc. L’acidité et la fraîcheur les rapprochent
L’autre méthode est celle dite du “rosé de saignée », avec laquelle le raisin est laissé à macérer comme un rouge. Après le foulage, et donc l’éclatement des baies, le jus reste quelques temps en contact avec la peau, généralement un jour ou deux. Par rapport au rosé de presse, le rosé de saignée est plus concentré, plus tannique, plus coloré, plus proche en somme d’un vin rouge. Plus la macération est longue, plus le vin sera coloré, tannique et proche du rouge. Les rosés de saignée se conservent mieux que les rosés de presse, et certains gagnent à un vieillissement d’un à trois ans.
Il existe de multiples variations et combinaisons de ces techniques. Ainsi, pour son Bandol rosé, le domaine de la Bastide blanche applique un pressurage direct sur les mourvèdres, alors que cinsaults et grenaches sont macérés pendant 24 heures.
Une infinie diversité, à explorer
Plus que des longs, discours, un aperçu de quelques vins choisis vous permettra de vous faire une idée de la diversité du vin rosé. Comme toujours dans le vin, le goût doit primer, mais le plaisir est d’autant plus fort que le goût est éduqué.
Petit tour de France
Un point d’abord à clarifier : ce n’est pas affaire de région. La Provence est la grande région productrice. En Bandol, des domaines comme ceux de la Bastide Blanche, sont de grands vins complexes et structurés. Mais bien d’autres régions se prêtent au rosé, qui s’adapte à uen grande variété de cépage.
En Pays-de-Loire Alphonse Mellot et Thierry Dauny donnent tout deux leur version du Sancerre rosé, élaboré à partir de pinot noir, l’une sur les épices et les baies rouges, l’autre davantage sur le fraîcheur et le fruit.
Plus éloigné encore des sentiers battus, le domaine Nicolas Gonin propose un rosé de presse à dominante de mondeuse. Proche du vin blanc, et à seulement 11° d’alcool, c’est un vin d’une grande buvabilité, à la fois minéral et fruité.
Une autre idée du rosé : les vins naturels
Pour conclure, une brève plongée dans le monde des rosés naturels. Par vin naturel on entend un vin bio pour lequel aucun intrant externe n’est utilisé au cours de la vinification (voir notre article). Il n’y a pas d’ajout de soufre, et le vin ne subit ni filtrage ni collage, ce qui permet de conserver une grande complexité aromatique. Le vin peut avoir une robe un peu trouble caractéristique.
Dans les Côteau-d’Ancenis, le domaine de la Paonnerie propose un rosé léger et fruité, très coloré, élaboré à partir de gamay. Egalement labellisé en biodynamie par Demeter, c’est l’archétype d’un vin naturel de plaisir, bien fait, et à prix abordable.
A Saint-Rémy-de-Provence, le domaine Henri Milan élabore son Papillon à partir de grenache, de syrah et de mourvèdre. Un vin d’une remarquable complexité, et d’une grande originalité. Il faut bien avouer qu’à l’aveugle, il est difficile de savoir d’il s’agit d’un rosé, d’un blanc ou d’un rouge.
Tout cela reste un peu abstrait ? Seule une dégustation vous permettra de mettre vraiment des couleurs et des impressions derrière tous ces mots !