Préconisée par Rudolf Steiner dans ses conférences de 1924, les préparations organiques dynamisées font partie des pratiques les plus marquantes de la biodynamie.

Parfois déconcertantes pour le non-initié, leurs effets ont pourtant été constatés par de nombreux vignerons et dégustateurs. Les vins, issus de vignes qui ont bénéficié de la pulvérisation de ces préparations, sont pour la plupart plus droits, plus digestes, avec une meilleure expression du terroir et de la minéralité et un meilleur couple maturité/acidité.

Les deux organismes certificateurs de la biodynamie, Demeter et Biodyvin, reprennent les préconisations de Rudolf Steiner. Ils demandent au vigneron l’usage de la bouse de corne, de la silice de corne, ainsi que d’un certain nombre de préparations d’origine végétale.

La bouse de corne (préparation 500)

La bouse de vache mise dans une corne est enterrée pendant les mois d’hiver. Une vie microbienne d’une exceptionnelle richesse s’y développe alors. Au printemps, la bouse de la corne, est alors brassée dans de l’eau de pluie tiédie autour de 37°C, dans un dynamiseur, placé à l’air libre. L’eau ainsi “dynamisée” peut alors être pulvérisée sur le sol des vignes dans les heures qui suivent.

La préparation s’effectue généralement dans un récipient en cuivre ou en grès suffisamment profond pour permettre d’effectuer un brassage énergique. Le brassage, une minute de chaque côté créé un tourbillon, le vortex, sensé capter l’énergie. Celui-ci doit durer environ une heure.

100 grammes de bouse dans 35 litres d’eau suffisent pour un hectare. Les effets constatés sont une neutralisation du PH du sol, une vie microbienne plus intense, et une meilleure pénétration des racines en profondeur. Pour obtenir une labellisation en biodynamie, le vigneron doit effectuer au moins une pulvérisation avant le débourrement (sortie des bourgeons). Mais certains domaines effectuent jusqu’à trois passages au printemps, éventuellement complétés par une nouvelle pulvérisation à l’automne.

La silice de corne (préparation 501)

Alors la bouse de corne agit essentiellement sur le sol et les racines, la silice est destinée à la partie aérienne de la plante. Comme la préparation 500, la 501 est mêlée à de l’eau de pluie, mais la silice est encore plus diluée que la corne : 4 grammes pour 35 litres d’eau. Une proportion trop élevée risque de brûler la plante. La solution est pulvérisée sous forme d’une pluie très fine diffusée à haute pression. Cette opération a lieu au printemps (avant ou après le débourrement) et après les vendanges.

Le mécanisme exact de l’action de la silice n’est pas encore bien connu, mais il semble qu’elle permette d’intensifier la photosynthèse. Après application du préparat, les vignerons ont par ailleurs constaté permet une meilleure tenue verticale de la vigne, et surtout une meilleure maturité du fruit, qui atteint ainsi un niveau de sucre optimal sans perdre l’acidité nécessaire à l’équilibre et à la structure du vin.

 

Le compost de bouse de Maria Thun (CBMT)

Cette préparation doit son nom à une grande expérimentatrice de la biodynamie, auteur d’un calendrier astral des semis qui fait référence. Le compost de bouse de Maria Thun consiste en bouse de vache mêlée à du basalt et à de la coquille d’oeuf frais. Il vieillit quelques mois en tonneau.

Pour un hectare, on utilise 240 grammes de compost que l’on brasse dans une quarantaine de litres d’eau pendant vingt minutes. La labellisation Biodyvin impose l’application d’un compost CBMT après les vendanges, et un rappel avant le débourrement.

Les composts végétaux

Outre la bouse de corne et la silice de corne, Rudolph Steiner préconise l’emploi de certaines préparations végétales. Ce principe a été repris dans le cahier des charges de Demeter et de Biodyvin. De nos jours, ces préparations sont généralement ajoutées en très faibles doses à un compost ou à un fumier qui est épandu sur les vignes au printemps ou après les vendanges.

Les préparations végétales obligatoires sont numérotées de 502 à 507. Certaines sont fermentées dans une enveloppe animale qui permet d’amplifier leur action.

  • 502 : fleur d’achillée millefeuilles, régule l’assimilation du soufre et de la potasse

  • 503 : camomille matricaire fermentée dans un intestin grêle de bovidé, régule le processus de l’azote

  • 504 : ortie, canalise le processus fer

  • 505 : écorce de chêne fermentée dans le crâne d’un animal domestique  favorise l’assimilation du calcium et aide à lutter contre certaines maladies

  • 506 : les fleurs de pissenlit, insérées dans du mésentère de bovin, aide à réguler la silice et le potassium

  • 507 : valériane, aide au transport du phosphore.

Pour plus d’information lire le « Guide pratique pour l’agriculture biodynamique » de Pierre Masson