Marjorie rejointe par Stéphane Gallet a fait ses classes au Domaine Gauby. Installée à Latour de France dans la Vallée de l’Agly, ses vins sont d’une finesse hors du commun.

Le vin et le cheval sont leurs deux passions communes. Elles les ont nourris et fait grandir.

Née à Grenoble, Marjorie a grandi à la campagne, les vignes de Condrieu et de Côte-Rôtie ont toujours habité son regard d’enfant et d’adolescente. Ses parents aimaient le vin. Les tablées familiales ont fait le reste, sa voie était tracée.

Stéphane a grandi en Normandie, en plein air. Gamin très indépendant, il partait toujours avec son vélo et ses cannes à pêche et revenait tard le soir à la maison ; il passait aussi beaucoup de temps à la ferme d’à côté pour donner un coup de main.

Ils se sont rencontrés à l’école d’agronomie de Montpellier, le club d’équitation a scellé leur relation. Le dimanche, ils faisaient des escapades dans le Roussillon, loin de tout. 

Une fois diplômés, ils sont venus dans le Roussillon en 2000. Marjorie a travaillé un temps chez Gérard Gauby. Avec lui, elle a acquis non pas une technique mais une manière de penser le vin. Stéphane a pris la direction technique d’un grand domaine à Maury et Marjorie est partie en quête de vignes pour créer le domaine. Des parcelles l’ont bluffée tellement elles ressemblaient à celles de la Côte-Rôtie. Il y en avait une plantée de carignan sur une veine de quartz ; un coteau au sol blanc, posé au milieu des schistes noirs. Ce lieu-dit s’appelait le Roc Blanc car la nature avait donné cette veine éclatante de quartz.

« Le Roc des Anges » est né de cette dualité en février 2001, Marjorie avais 23 ans. Elle a trouvé une petite cave à Tautavel.

Stéphane l’a rejoint en 2008. Ils ont vraiment avancé ensemble. sans recette mais avec méthode, ralliés aux mêmes convictions : l’essentiel est dans la nature, le lieu donne son énergie au vin, la lumière du Roussillon éclaire mais ne brûle pas. Comme une évidence, ce cheminement les a conduit vers la biodynamie.

Cette année-là  ils ont trouvé à Maury des parcelles sur schistes marneux et calco-schistes si particulières. Ils ont baptisé ces Maury « Les Terres de Fagayra ».

« Terres de Fagayra » pour leurs vins doux naturels, « Le Roc des Anges » pour les autres vins ; deux noms pour un travail en partage, à la vigne comme à la cave.

Six années ont passé à Montner. Leurs convictions sont bien sûr restées les mêmes mais la vision du métier a bougé: le savoir-faire est peu de chose sans le savoir-être. La rigueur et la maîtrise de l’outil donnent aux vins leur franchise : la sensibilité, l’intuition et la liberté orientent leur caractère.

En 2014 ils quittent Montner pour une maison forte à Latour-de-France. Encore une étape pour Le Roc des Anges et Les Terres de Fagayra.  Ici, les saisons sont tranchées comme nulle part ailleurs. Le vent souffle souvent fort. Les pierres massives abritent aussi de la chaleur étouffante l’été. Lignes et matériaux, la fluidité est partout, Le chai est enterré, il est bâti sur un Réseau Sacré.

Ayant accepté que leurs vignes et leurs vins les guident plus qu’ils ne les guident ils travaillent désormais « au cœur d’une nature éclairée. Le soleil, le vent, la sécheresse, les pierres… ne sont plus des obstacles » pour leurs vins. « La lumière laisse passer la fraîcheur, la maturité ne se mesure plus au degré, la chaleur n’a rien à voir avec la puissance ». « Les vins ne ressemblent pas à d’autres et l’objectif n’est pas en soi de faire les meilleurs vins du Roussillon ». Plus jeunes, ils faisaient « des vins qui venaient du soleil », ils font maintenant « des vins qui jaillissent du sol. Le goût du lieu a forgé l’esprit des vins »

Malgré la rareté des « Gouttes de Dieu » dans ces lieux arides, la poésie qui est présente partout aujourd’hui dans leurs propos et leurs pratiques subliment leurs vins… qui sont à leur image. Inspirants !